Catherine Stride

La ville, autrefois si prospère, n'avait plus de vivant que quelques survivants, pour la plupart en voie de disparition, une armée de morts-vivants, au nombre des anciens habitants sur leurs talons. Les flammes, les ordures, les corps encombraient les rues, changeant jusque et y compris la configuration de la ville.

Cet enfer avait commencé lorsque dans la ville principale, un simple citoyen s'en était pris à un marchand, lui infligeant une morsure fatale. La police avait tenté d'arrêter le forcené qui, au lieu de capituler, insista en un grognement bestial, près du gémissement, avant de s'en prendre audit policier. À ce moment, les curieux se massaient autour de la scène qui pour plusieurs, tenait du scandale le plus fou. Lorsque enfin, un jeune policier abattu le fou, tout le monde sursauta, partagés entre l'horreur de la situation et la satisfaction de savoir le danger écarté. Soudain, un autre grondement retentit, celui-ci en provenance de derrière la petite foule. Lorsqu'on comprit la provenance du bruit, il était déjà trop tard, la première victime, pourtant déclarée cliniquement morte, s'était relevée et s'en était prise au public à son tour. Ainsi, le premier contaminé se releva, s'attaqua à une autre personne qui tenta de se réfugier auprès du premier policier qui, ayant succombé à la blessure dans ce simple laps de temps, l'attrapa d'une poigne de fer avant de planter ses dents dans la chair tendre du cou de sa victime. La personne poussa un cri déchirant qui fut rapidement étouffé par un gargouillement de sang. Ainsi commença l'horreur. Les gens, bien trop lents à comprendre ne purent pas tous s'enfuir. En fait, il fut ordonné de fermer chaque issue afin d'échapper à une possible épidémie. Malheureusement, quelqu'un s'échappa, le bras ensanglanté, courut jusqu'à un hôpital où on tenta de le soigner. Contre toute attente, la plaie, bien que superficielle, refusait de cicatriser, laissant l'hémorragie continuer jusqu'à la mort du blessé, au bout de son sang. Là encore, les gens furent lents à réagir et cette fois encore, il y eut des contaminés. Ce qu'on ignorait, c'était qu'à force de coups, du poids massif de la centaine de personnes qui se trouvaient alors dans le magasin, les portes, les rideaux de métal avaient cédé, laissant passer un flot, continu mais lent, de morts-vivants à la recherche de chair fraîche. Ceci aidant, les trois quarts de la ville furent bientôt contaminés, ne laissant sur leur passage que mort et désolation.

Toute cette horreur, toutes ces morts, tout cela avait une origine, origine qui venait d'un groupe de scientifiques bien spéciaux. Ces scientifiques, pour la plupart des rejets de la communauté, avaient au départ pour but de créer une substance capable de régénérer des cellules mortes à grande échelle et à grande vitesse. Or, il en était un qui ne voulait pas d'une telle utopie. Lui, ce qu’il voulait, c’était de purifier la terre, d’éliminer les parasites qui détruisaient la beauté de la nature, la terre même. Son but, était de détruire l’humanité. Cependant, cet homme, ce fou ne pouvait pas travailler seul, ses connaissances étant légèrement limitées, il avait besoin de complices. Il forma donc le groupe, s’acoquinant avec des gens du même genre que lui-même ou tout simplement avec des gens plus compétents à qui il mentit pour créer le virus parfait.

Une de ces personnes ayant été dupée, forcée à travailler inconsciemment sur un virus visant à détruire l’humanité survivait encore d’ailleurs. Errant dans la ville dévastée, jetant un regard méprisant sur les cadavres au sol, se contentant d’avancer sans fin à la recherche de survivants. Cela faisait si longtemps qu’elle marchait sans voir le moindre signe de vie qu’elle frôlait le désespoir. Chaque mouvement n’était que zombis cherchant à l’attaquer. Elle connaissait le secret de ces créatures de cauchemar, elle avait contribué à leur existence. Pour elle, il ne s’était agi que d’accélérer le processus de régénérescence cellulaire au point d’en être visible, pour elle, il n’avait nullement été question de virus évolutif. Pourtant, elle se sentait coupable, comme si elle était entièrement responsable de la tragédie dont elle était témoin malgré elle. Elle fut tirée de ses macabres pensées par ce qu’elle nommait le chant des contaminés. En effet, un groupe de zombis s’acharnait sur une jeune homme encore vivant. Malgré le fait qu’il aie déjà été mordu, elle tira, abattant chaque monstre, ne leur laissant comme seul répit le temps de se relever de sur l’inconnu avant de mourir la tête explosée d’une balle. Peu après, elle s’approcha de l’inconnu. Plusieurs blessures recouvraient son corps, ses vêtements étaient déchirés par endroits, là ou les zombis l’avaient mordu. Les plaies, normalement impossibles à guérir de façon conventionnelle, semblaient pourtant bien normales, immunité ?

Le fait est que sitôt sur les lieux, elle demanda :

- Est-ce que ça va ?


La jeune fille affichait une mine inquiète, cependant, le lance-roquettes dans son dos ainsi que le pistolet qu’elle tenait démentaient son air quelque peu angélique. Cette fille avait survécut et avec raisons.

- Vous commencez à vraiment me taper sur le système....

Les gars ricanèrent, qui était-elle pour rester aussi calme alors qu'ils étaient plus nombreux et qu'elle était désarmée? La folle! Ils se rapprochèrent, tentant de l'intimider, de lui faire sentir qu'elle n'était pas en position de les chasser si facilement. L'un d'eux, le chef de la petite troupe, un jeune homme à la peau noire et aux yeux bruns foncés, se croyant malin, pris la peine de demander à la jeune fille si silencieuse depuis qu'ils l'avaient approchée:

- Que crois-tu pouvoir nous faire petite?

*Idiots...si seulement vous saviez...si seulement je pouvais me mouvoir à ma guise aussi, vous montrer de quoi je suis capable, vous défigurer à jamais et vous foutre la frousse de votre vie...vous ne vous en remettriez jamais...bande de cons...Mais bon, je crois que je dois tout de même vous en faire voir un peu non?*

La seule réponse qu'il obtenu fut un coup de poing en pleine tronche et, lorsqu’il recula sous la surprise, un croche-pieds qui le fit tomber à la renverse sous les yeux écarquillés de ses amis. Amis qui ne purent s'empêcher de rigoler. L'un d'eux, un grand gaillard, maigre, les cheveux roux et les yeux d'un bleu-gris acier, demanda à son ami:

- Dis moi, t'aurais pas ramolli un peu? Franchement, te faire mettre au tapis en deux coups....de la part d'une fille! J'veux dire, ce n'est qu'une pauvre jeune fille sans défenses! Je t'ai connu en meilleure forme...vraiment! Ce n'est qu'une fille! Probablement bien plus jeune que toi en plus!

L'ami en question jura:

- Merde, vous attendez quoi!? Réglez-lui son compte à cette idiote!

Le roux rétorqua, s'empêchant avec peine de pouffer pour ne pas vexer son ami encore plus qu'il n'allait l'être:

- T'es même pas foutu de lui régler son compte en plus de ca?

L'autre réplica, furieux:

- La ferme!

S'en mêlant enfin, Ezra demanda, le ton acerbe:

- C'est qui le clown qui m'a approché en premier?

Le jeune homme se releva d'un bond, tentant de frapper la petite peste qui en plus de lui mettre son poing dans la figure l'insultait....et se retrouva affalé sur ses comparses, les coinçant sur le banc où était précédemment assise l'adolescente. Celle-ci, ignorant superbement le groupe masculin empêtré, alla s'asseoir quelques sièges plus loin.

*Bien sur...incapables de se tenir tranquilles, il faut toujours qu'ils s'en prennent à ceux qui leurs semblent plus faibles...et besoin d'être en groupe pour se sentir plus forts...pathétiques...*

Citation:
- Nouvelles choc: On parle d'un gang de criminels sans pitié qui aurait élu domicile dans une ville influente ici, sur Terre. Nos sources sont très fiables mais doutent toujours de leur emplacement. Blah blah blaaa, quelques témoignages, ...blah blah blaah... ... Une araignée de tatouée sur le dos. ... Bla bla blaaa... C'est sans doute la très renommée Brigade Fantôme....


Ezra tourna la tête, portant soudainement attention à ce qui se disait tout près...

*Brigade fantôme? mf...rien à voir avec moi...En tout cas je descends de ce train dès que je le peux...ces gars ont beau être stupides et lents, je ne voudrais pas avoir de problèmes, je n'ai plus d'effet de surprise et ils vont finir par se démêler. Quoi que...stupides comme ils le sont... Je doute qu'ils arrivent à se dépêtrer...*


Elle reporta son attention sur les gars, riant intérieurement de leur comportement immature et de leurs réactions prévisibles.

Citation:
Les autorités se penchent sur ce problème... Bla blah blah... Mais nous pensons qu'ils... Ohla c'est pas vrai, ils ont pas écrit ça !??... Mais nous pensons que trop incompétents pour le métier nous devrons sans doute nous reposer sur l'épaule des affaires secrètes. Après quoi, le monde de l'Ombre nous est toujours inconnu... Putain mais la vieille elle vient de signer son arrêt de mort, en écrivant ça! Ahaha! Je la plains, la pauvre!


*Quoi??? J'ai du mal entendre...est-ce qu'il vient de dire...que...la personne qui a écrit ca...a signé...son arrêt de mort?!*

Elle se retourna de nouveau, ayant saisit les paroles de l'étranger. Il semblait lire le journal...et semblait en savoir long sur ce qui se passait. Il eut un étrange sourire.

Citation:
- J'suis dans le journal et la ville est en état de panique...


*QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!???????????????, C'EST À CAUSE DE LUI SI LA VILLE EST DANS CET ÉTAT DE PANIQUE?????????!!!!!!!!!!!!!.......mais ca veut dire que......*

Ezra écarquilla les yeux, cela devait vouloir dire qu'il....qu'il faisait partie de la Brigade fantôme??? La jeune fille secoua la tête, tentant de se replacer les idées et de rester positive, et alors, il ne pouvait pas être si horrible non?


Citation:
- Génial!



Une goutte de sueur perla sur son front. Bon...peut-être que si finalement mais...elle était dans le même wagon et elle devait encore attendre avant de descendre...et puis...il n'avait rien fait de mal depuis qu'il était entré...et il ne semblait pas si méchant...

* Bon...situation pas ordinaire mais ce n'est pas grave, je n'ai qu'à faire avec...c'est quelqu'un, il ne va tout de même pas me tuer pour un regard! Et même si il essaie, je n'aurai qu'à changer d'attitude!*

Cessant de se torturer l'esprit avec les propos de cet étranger et tentant de se rassurer elle-même un brin, elle se tourna encore vers la masse...

*oups!*

Les gars avaient réussit à se démêler et maintenant, ils regardaient la cause de leur précédente humiliation, un éclat tout simplement malsain dans les yeux. Le noir d'auparavant avait sorti une arme blanche, un couteau à l'allure bien trop aiguisée au goût de la caracale sous forme humaine. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de prendre le train?! Elle savait pourtant que c'était dangereux de se retrouver dans cet espace réduit, qu'elle pouvait s'attendre à tout de la part de ces bipèdes! Mais oui, il avait fallu qu'il y ait de ces foutues brigades anti-parasites...et que les moyens de transport soient deux fois plus surveillés...à cause de cet étranger apparemment...non mais, ce que la journée commençait bien...Ciel gris, béton gris, ruelles grises...coincée...vraiment, quelle journée...

* je suppose que ce n'est pas si pire, je n'ai pas encore rencontré de personne connaissant la vérité sur moi...ouais...pas si mal...si on oublie que ces gars n'ont pas l'air de m'apprécier autant que lorsqu'ils me tournaient autour...faudrait se décider à la fin!*

Comme elle aurait aimé pouvoir se servir de ses crocs et de ses griffes, ces gens l'empêchaient de réagir comme elle le voulait en maintenant, c'était probablement ce qui allait causer sa perte, ce qui allait la tuer.

* C'est fou être stupide comme ça!, plus jamais je ne prendrai le train si jamais je survis......génial comme perspective...*

Sur ces pensées un peu trop macabres, la jeune fille recula, un pas après l'autre, se retrouvant rapidement acculée au mur.

* Bon ba j'espère que je suis chanceuse...sinon...ce seront mes dernières pensées...*

- Une dernière parole, petite peste?

* Justement comme j'y songeais...c'est qu'il est télépathe!*

Le noir ricana méchamment, faisant jouer son couteau dans sa main, s'amusant presque des reflets dans la lame.

*voilà le moment...mais je ne peux rien faire...alors adieu oh monde de béton! :p

Un sourire apparut sur le visage d'Ezra, provoquant encore plus la colère du bipède. Elle clôt les yeux, le sourire fendu jusqu'aux oreilles, s'attendant à recevoir un premier coup qui lui permettrait peut-être, par un quelconque miracle de s'échapper de ce wagon et, par la même occasion de ses assaillants.